Composition [Libre]

H.S : j'm'ennuie, donc je laisse un topic libre, ça me fera faire du RP

- Hiyaaaaaaaaaaaaaaaah !
Le cri suraigu se dilua dans l’air calme de la cour secondaire du lycée. Calé bien à l’ombre d’un arbre, assis et adossé au tronc, le hérisson tenait entre ses mains sa guitare. Autour de lui trainait un classeur rempli de feuilles vierges, griffonnées, chiffonnées. D’autres, volantes ou en boule, étaient déposées sur l’herbe verte, ne s’envolant pas grâce à l’absence totale de vent. Il faisait beau et chaud, et comme assez souvent, Viko puisait son inspiration dans le calme ambiant.
C’était l’heure des cours, la plupart des élèves bossaient en classe, laissant la grande étendue verte rien que pour le hérisson. Il se saisit d’un stylo et utilisa le revers du corps de sa guitare comme table. Prenant une feuille où étaient inscrites des paroles, il barra une ligne pour la remplacer par une autre.
- Ouais, pas mal ici le scream. Chanté, si possible…euh…en « A »…ah oui !
Il se racla la gorge avant de recommencer son cri puissant et majestueux.
- All the tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime !
Une nouvelle fois, le son transperça l’air, venant troubler un court instant le calme ambiant. De toute façon, le prof pouvait gueuler autant qu’il pouvait, sa voix ne pouvait pas porter vers les bâtiments qui étaient un peu loin. Se sentant soudain porté par une inspiration, il se saisit de l’instant pour gribouiller frénétiquement. Le musicien chanta d’une voix cette fois rauque et puissante, faisant rouler chaque syllabe dans sa gorge, donnant une assonance grave et virile, voir guerrière.
- I say we trust in Metal War…
Et il reprit une nouvelle fois de cette voix sur-aigue :
- For the glory of our souuuuuuuuuuuul !
Un sourire aux lèvres, il nota les paroles en riant. Le rythme était excellent, mais la phrase en elle-même ne voulait absolument rien dire. Il déposa un petit « phrase à rebosser » entre parenthèses à côté des lignes qu’il venait de chanter.
- On dirait du Manowar…bon bah si faut faire épique…
Le musicien reprit sa guitare et instantanément trouva les accords qui allaient. Quelque chose de rapide, impressionnant techniquement, et il reprit à tue-tête ce qui a été écrit auparavant.
- I say we trust in Metal War… For the glory of our souuuuuuuuuuuul !
Se disant qu’il tenait le bon bout, Viko improvisa les prochaines paroles sur un chant limite hurlé, donnant un grain éraillé à sa voix qu’il faisait balader dans beaucoup de registres. Crachant les mots d’une manière agressive, le musicien riait intèrieurement de ses paroles une nouvelle fois sans queue ni tête :
- I’m gonna beat you knoooooooow !
Puis soudain, il s’arrêta brusquement, une idée lui traversant l’esprit. Lâchant son instrument, il se précipita sur une feuille et se mit à écrire avec frénésie dessus.
- Des chœurs ! Une armée de voix qui accompagnent par des « oh ! » rythmés, ainsi que…où ai-je foutu cette feuille ? Violons ! Voila, ici, du majeur de plus en plus aigu pour annoncer le final, qui sera un solo sur le même rythme exécuté par la guitare et le synthé. J’adore, manque plus que les épées en mousse et les dragons en carton et je te fais une scène fantasy des plus couillues.

Se calmant, le musicien reposa ses feuilles près de lui et retourna s'asseoir. Reprenant sa guitare, le musicien ferma les yeux et voyait bien un outro qui concluerait doucement et avec douceur cette épopée épique. Du bon son blues comme il les aimait serait l'idéal, en l'alliant avec un son saturé qui ferait pleurer une guitare. Fermant les yeux, l'hybride se délecta quelques secondes du silence et commença une suite d'accords langoureux, avant de se faire un solo blues qui se diluait paresseusement dans l'air. Quelque chose qui paraissait beau et joué d'une main de maitre sur sa guitare sèche, mais qui deviendrait une véritable tuerie sur une guitare électrique, accompagné d'un piano et d'une nappe de synthé imposant un son quasiment mysthique. Quelque chose qui mettrait l'auditeur en transe, le faisant voyager très loin dans un monde inconnu et magnifique.
Comme l'étendue verte et calme sur laquelle le musicien composait sa musique.

Trois heures de libre… Ouaip. Comme à l’accoutumée, la jeune louve pouvait se délecter d’un trou de trois heures dans son emploi du temps si chargé. Un moment privilégié, le plus de toute la semaine, d’ailleurs, car il lui laissait largement le loisir de décompresser. De plus, aujourd’hui, il faisait particulièrement beau. Une aubaine, sachant que ces derniers jours, dame nature s’était décidée à faire s’abattre un véritable déluge dans les environs. Ni une, ni deux, la demoiselle avait foncée dans ses appartements, afin de se changer. En effet, elle avait récemment fait l’acquisition d’un tout nouveau costume, une réplique parfaite d’une pièce de la garde robe de son idole, de la femme qu’elle adule et respecte depuis toujours : Lara Croft. Celui-çi se présentait donc sous la forme d’un top moulant marron foncé à décolleté, laissant apercevoir le nombril, d’un mini short assorti, de grosse et longue bottes noires agrémentée d’épaisses chaussettes blanches, de deux holsters noirs reliés à une ceinture à boucle argentée, d’un sac à dos noir, et d’une paire de répliques d’uzis, étant bien sûr la copie conforme de ceux qu’utilise l’archéologue, à l’exception près que ceux-çi ne tiraient que des balles de plastiques. En clair, elle se trimballait avec l’attirail qu’aborde fièrement la britannique dans le jeu Tomb Raider Underworld, qui mettait en avant ses légendaires attributs. Et elle était ravie d’avoir réussi à dégotter une seconde fois un déguisement d’une qualité aussi élevée.

C’est donc en cette journée ensoleillée que miss Wolf, dégustant un verre de granité saveur citron, se promenait dans la cour secondaire du lycée, à la recherche d’un coin calme afin de s’entraîner au tir, et espérant accessoirement trouver un mécanisme ouvrant la porte d’un tombeau millénaire en ruine rempli de moult pièges et démons, ainsi que de rares artefacts, qui se terrait là depuis toujours, mais que personne n’avait découvert car il était vraiment bien caché. Sirotant sa boisson glacée tout en avançant dans l’herbe verte, elle se réjouissait de la présence de ce soleil de plomb, et de l’absence totale de la plus petite brise. La belle saison montrait enfin le bout de son nez… Scrutant avec attention les alentours, elle cherchait aussi des repères, afin de ne pas se perdre à nouveau lamentablement dans ce lycée qui lui avait déjà causé bien du souci…

Au bout d’un moment, elle arriva vers la partie « boisée » de la cour, se présentant au début par une très grande étendue de pelouse, éloignée des bâtiments, et parsemée de quelques arbres, qui offraient une ombre des plus succulentes par cette chaleur. Un endroit suffisamment paumé pour qu’Angel puisse vaquer à ses occupations sans qu’on vienne la déranger. Se plaçant entre deux végétaux, elle saisit ses fausses armes, puis détecta en un rien de temps une cible parfaite : une cavité, creusée dans l’écorce d’un grand chêne. Un trou assez petit et élevé pour se vanter de n’être atteint que par les balles d’un tireur chevronné. Elle le pointa, puis, lentement, approcha ses doigts des gâchettes, souhaitant au plus profond d’elle-même ne pas rater son tir.

-Hiyaaaaaaaaaaaaaaaah !

Ce hurlement à vous en déchirer les tympans brisa soudainement le calme ambiant. Surprise, et soumise à ses réflexes d’aventurière, la jeune fille fit volte face et pointa ses maquettes en direction de l’endroit d’où avait surgi l’horrible beuglement, l’air terriblement concentré. Se rendant compte qu’elle était juste en train de s’apprêter à se défendre avec des jouets, elle poussa un léger soupir, et les rangea à leur place, songeant plutôt à se remémorer le bruit. Un cri très aigu, qui, bizarrement, ne lui était pas vraiment étranger…

-All the tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime !

Shbim. Rebelote. Sauf que ce coup çi, la louve eu un flash, qui répondit enfin à sa question.

*Le prof de musique ?*

Bien sûr. Comment avait-elle fait pour ne pas y penser plus tôt ? Cette voix si particulière, montant si haut dans les aigus, ne pouvait être que celle de Mr Kage, le hérisson mal rasé donnant des cours de musiques mouvementés à sa classe. Et il n’était pas loin, visiblement. La miss s’approcha à pas feutrés et bien vite, le repéra, avant de se dissimuler derrière un arbre, afin de l’observer un peu. A vrai dire, l’idée de l’espionner ne lui avait pas spécialement sauté à l’esprit, mais elle souhaitait plutôt écouter les productions de son enseignant, car mine de rien, elles étaient vraiment très réussies.

-I say we trust in Metal War…

Chanta-il d’une voix puissante et caverneuse, contrastant totalement avec les cris digne d’une soprano qu’il avait poussé quelques instants plus tôt.

-For the glory of our souuuuuuuuuuuul !

En parlant du loup… A vrai dire, ce n’était pas désagréable à entendre, au contraire, le chant de cet homme était percutant, et faisait vibrer l’âme de l’épéiste. Par contre, il lui semblait que les paroles n’aient… Pas vraiment de sens, en fait. Il avait probablement sorti la première chose qui lui était venue à l’esprit, afin que cela colle au mieux au rythme qu’il s’était imposé. Il griffonna en riant sur une de ses feuilles.

-On dirait du Manowar…bon bah si faut faire épique…

Puis il s’empressa de reprendre ce qu’il venait de chanter, s’accompagnant de sa guitare :

-I say we trust in Metal War… For the glory of our souuuuuuuuuuuul !

Il paraissait improviser les paroles, hurlant de tout son être des mots formant des phrases absolument incompréhensible… C’était absolument fascinant. Dissimulée dans l’ombre, la lycéenne écoutait avec la plus grande attention, des étoiles pleins les yeux.

-I’m gonna beat you knoooooooow !

Soudainement, il s’arrêta, saisit un papier, et se mit à écrire dessus à une vitesse décoiffante.

-Des chœurs ! Une armée de voix qui accompagnent par des « oh ! » rythmés, ainsi que…où ai-je foutu cette feuille ? Violons ! Voila, ici, du majeur de plus en plus aigu pour annoncer le final, qui sera un solo sur le même rythme exécuté par la guitare et le synthé. J’adore, manque plus que les épées en mousse et les dragons en carton et je te fais une scène fantasy des plus couillues.

Wouaaa… L’adolescente était subjuguée, en plus d’être un vrai pro, ce prof était une centrale nucléaire à idée doublé d’un malade mental des plus comiques. Elle mourrait d’envie de lui sauter dessus, en lui criant qu’il était un génie et en lui demandant de jouer ses meilleurs morceaux, mais malheureusement, le courage lui manquait. Après tout, c’était un professeur, il pourrait très bien la remballer vite fait… Il retourna à sa place, se saisit de son instrument, et après quelques secondes d’un silence des plus reposant, il se mit à faire doucement glisser ses doigts sur les cordes, se lançant dans l’interprétation d’un air doux et mélodieux… Une mélodie qui enchanta à nouveau le canidé, qui s’accroupit, toujours dissimulée. Elle se laissait doucement bercer par la musique, emportée par les accords moelleux qui lui emplissait la tête…

Soudain, le drame. Un coup de vent, une soudaine bourrasque fit s’envoler la plupart des feuilles que le musicien avait éparpillé autour de lui, y compris celles où il venait tout juste de noter ses dernières prouesses. Sans réfléchir, réveillée par cet événement soudain, Angel bondit en avant, et réussit à récupérer toutes les notes, avant de retomber, se réceptionnant in extremis par une roulade. Toujours accroupie, l’air étonnée, elle mit quelques secondes avant de se rendre compte de ce qu’elle venait de faire, et elle se releva lentement, avant de se retourner vers l’homme. Elle venait juste d’agir par pur instinct, une nouvelle fois. Ne pouvant plus reculer, elle se rapprocha de lui, déposa ses feuilles à ses côtés et s’assit dans l’herbe. Un peu gênée, les joues un brin plus rouges que d’habitude, elle tenta tant bien que mal de s’expliquer.

" Je… Heu… Bonjour, M. Kage… Pardonnez mon intrusion, je… En fait, pour tout vous dire, cela fait un moment que je vous écoute, et… Enfin, loin de moi l’idée de vous épier, mais… J’adore vraiment ce que vous faites. Sans rire, j’aime beaucoup vos chants percutants et votre immense talent pour la guitare… Ca m’a littéralement transportée… J’aimerai beaucoup que vous continuiez à jouer comme si je n’étais pas là… "